COLOMBIA, a la orden* !
*à votre service
La Colombie… ceux qui comme nous ont révisé leur espagnol en engloutissant les 3 saisons de Narcos, pourraient légitimement développer une certaine appréhension du pays, pensant qu’il faut un flingue à la ceinture et caler “cabron” à chaque fin de phrase pour se faire respecter. Mais, longtemps le théâtre de guerres de cartels sans pitié, que reste t-il vraiment de ce passé tumultueux en Colombie? Ben, vu de notre pare-brise: rien. Désolé de vous décevoir mais on n’a moissonné que du bon et du beau ici.

La Colombie, dès la première semaine, nous gâte comme pas permis. Certes ses trésors se gagnent sur des routes de montagnes indéfrisables qui mettent nos freins et notre système de refroidissement à rude épreuve, mais le jeu en vaut 100 fois la chandelle. On arpentera les routes du Sud jusqu’à approcher Medellin en 3 bonnes semaines, s’offrant à présent des pauses plus longues, prenant le temps pour tout, rajoutant un jour par-ci-par-là sans véritable raison. Et puis notre sixième sens nous a fait prévoir 3 mois pour tout le pays… La sagesse des vieux baroudeurs, sans doute.
Vous trouverez les photos de ce bout de chemin ici
La première impression est toujours la bonne…
Nous sortons donc d’une nuit sans histoire passée dans une cochera (parking de routiers) de Tulcan, à quelques encablures de la bordure entre les deux pays, coté équatorien. Notre arrivée tardive la veille ainsi que notre instinct (un rien influencé par le site un chouia alarmiste de l’ambassade) nous avisant d’éviter la région frontalière coté Colombien.
Ce matin-là, nous sommes dispo, bien dormi, il fait frais et humide et aujourd’hui, nous entrons en Colombie !
Le passage de frontière sera long mais pas si compliqué que cela… à partir du moment où le préposé aux douanes a daigné entamer sa journée. Pour nous, voyageurs privilégiés, il s’agit maintenant de se faire l’oeil sur cette nouvelle monnaie qui rend millionnaires (1 euro = 4500 COB), acheter une SIM de téléphone, et contracter une assurance pour Géo. Tout se fait dans des kioskes en tôle, grillagés sur le bord de la route. A midi à peine, c’est torché.
Pour ces autres pauvres bougres qui s’entassent, là, c’est une autre histoire. Ces vénézuéliens de 15 à 25 ans maximum, toujours en petits groupes, et parfois avec des bébés, attendent comme nous l’ouverture des bureaux mais le sésame sur le passeport est moins certain. Ces migrants piétons, on les croise par milliers marchant sur le bas-coté de la route depuis le Pérou. Ils fuient la misère avec leur petit sac, souvent en tong, t-shirt, dormant dans les herbes hautes… Pour ceux-là, c’est le début du périple.





Très vite après la bourgade frontalière d’Ipiales, la route devient verte. Si verte… Un peu comme en Equateur, mais dotée de dénivelés et virages qui font clairement partie de la ligue supérieure. Pas une ligne droite de plus de 100m, que de la 1×1 voie, des “paros” (travaux qui bloquent les chaussées alternativement) tous les 50 km… et il va falloir s’habituer, la route en Colombie sera ainsi jusqu’à Buccaramanga, bien plus au Nord. On s’arrête quelques fois pour laisser respirer le moteur, on déjeune sur la bas-coté…Si bien que nous ne nous extirpons de la “zone à risque” qu’en fin de journée et qu’il fait nuit noire quand nous approchons de notre premier arrêt, un bon gros parador (arrêt sur la route doté d’un restaurant) pour amoureux de la route.
Le premier arrêt donne souvent le ton du pays et bien là, le ton est bon!
Le parador Patia offre quelques habitations en dur pour les voyageurs de passage mais aussi un grand espace de pelouse où s’embourber… heu, se garer. Et il y a aussi une belle et grande piscine, rien que pour nous. on est SEULS ! Et après une longue journée de route stressante dans un nouvel environnement, c’est le genre de détail qui ravit.
Si bien qu’on décide d’y passer une seconde nuit et de profiter de cette pause pour apprendre à nager à Jules. Apres deux jours d’encouragement et conseils non-stop de sa môman, Jules, sans prévenir, enlève ses brassards et nous gratifie de ses premières brassées sous les vivas familiaux. Il est loin le Julot qui n’osait pas se mouiller aux Galapagos! Emotion.






Cap sur Popayan, Papa !
Notre vrai premier arrêt colombien, c’est la ciudad de Popayan.
4 petites heures de route et nous voila dans la mignonne finca en bordure de la ville tenue par Carlos (bonhomme jovial s’il en est, aux faux-airs d’Hanouna) et Paola. Et leur tout jeune bébé, Brisa. Le lieu nous a été recommandé par Alexandra et Sylvain (rencontrés à … Bariloche ! Ca date !) et devrait nous ravir. A ver.
Bon, merci du tuyau les amis parce que d’emblée, l’accueil est excellent. Ils nous attendent tout sourire et ont la conversation facile. On se sent comme à la maison.. Le lieu est niché en haut d’une colline, dans une végétation dense et fruitière où le camion trouve tout juste à se caler, entre le poulailler et les maracuyas. Nous verrons le lendemain qu’ils disposent sur leur propriété et au terme d’une petite demi-heure d’un sentier forestier, d’une belle cascade digne des films de pirates. Ça met de bonne humeur, la cascade du matin, non? Faudra s’en faire installer une…










Après un copieux repas dominical (100% carnivore) partagé avec ses parents au troquet du coin le lendemain, Carlos nous promènera patiemment toute l’après-midi dans Popayan. Ville coloniale aux jolis murs blancs (pour repousser les puces au moyen-âge, à c’qui parait) , aux ruelles pavées, son centre-ville charmant et sa large place arborée sont particulièrement animés en ce jour de prise de pouvoir du nouveau président. Carlos nous immiscera en douce sur les terrasses du théâtre municipal, nous invitera au salon de thé pour gouter la spécialité (un bon gros verre de Champus, sorte de soupe de maïs fruitée qu’il faut ingurgiter à la cuillère… hmmm, clivant !), et comble de la confiance en l’humanité, me proposera de jouer dans son équipe de foot-en-salle le soir. Verdict: on perd 9-2 “alors que d’habitude on gagne!”… pas sûr qu’il réitère cette offre.
Journée éreintante mais qui nous plongea pour de bon dans l’hospitalité dont feront preuve tous le colombiens croisés par la suite. Carlos, mi casa es tu casa !









Chez Kika, la Colombie à la sauce marocaine
L’étape suivante n’est qu’à 2 heures de route. Décidément, on ne va pas user nos pneus ici.
On commence à comprendre, avec un léger regret avouons-le, que les longues journées de route solitaire durant lesquelles on abat des distances folles (tout est relatif) sont derrière nous. A présent nos déplacements seront des sauts de puces à 25km/h moyenne, comme ici où la route monte sérieusement pour nous rendre à Silvia, petit village dont la fraicheur d’altitude (2500m) nous fait ressortir la petite laine.














Il y a à SIlvia les mardis un beau marché traditionnel, du genre qu’on peut se diriger à l’odeur, où la communauté misak (indigènes des vallées environnantes) se retrouve pour vendre fruits, légumes… et surtout boire un coup en s’empâtant de ces petites empanadas frites qui se consomment par douzaines et ne coute rien. C’est fin. C’est très fin. Ca se mange sans faim.
Nous poserons les roues dans la belle propriété de Kika, Arnouar et leurs 3 enfants. Cette famille marocaine – c’est pas courant – représente un passage obligé pour les routards de la région. Ces amours ont voyagé 5 ans (5 f**ing years, man!) dans un camping-car avant de poser leurs valises ici, s’offrant la finca d’un ancien parrain du cartel de Cali (gloups… ne pas creuser au fond du jardin). Les lieux sont un régal pour les vagabonds: calme, verdure, il y a du 220v (quand le reste du pays est au 110v), de l’eau chaude, et un petit déjeuner qui vaut le détour à lui seul. Kika nous équipera d’une foultitude de conseils et astuces pour la suite de la route en Colombie, qu’elle connait par coeur. Choukran les amis !
C’est quali la literie à Cali?
Mais après 3 nuits de délices chérifiens, c’est pas tout ça mais c’est qu’on aimerait faire une vidange nous ! (hé oui, ca surprend mais c’est le genre d’envie qui nous prend, nous, les routiers à moustache). Mon ami Nicolas de Motul toujours à l’affut (comment te remercier?) me dégotte un atelier dans le centre de Cali qui pense pouvoir nous aider. L’opération prendrait une journée et ce serait l’occasion pour nous de s’offrir une nuit à l’hôtel et se faire dorloter du coté du parc San Antonio, aux allures de Montmartre (bon, vite fait la ressemblance). Il suffit de descendre entre les 2 cordillères et contourner l’énorme Cali par le nord, où la chaleur et la moiteur reprennent leurs droits. Ensuite nous pourrons filer vers Salento.
Sauf que.
Apres avoir enduré le traffic de midi de l’énorme et fourmillante métropole (2 millions d’habitants énervés et sensibles du klaxon), le dit atelier “ne nous voyait pas si grand” et entérine arbitrairement de nous refuser l’accès. Hein? Quoi? Qui est gros ?? Notre bonne fortune prend le relais, et le gérant possède un autre atelier, Poids lourd cette fois, à Yumbo, au nord, qui nous recevra dans l’après midi. Pfiou.




Nous serons alors accueillis comme des princes sur leur destrier de gomme et de métal. Ces gentils mécanos nous régaleront gracieusement de vidanges, d’un ressort d’embrayage que je cherche depuis des semaines, et des glaces pour les enfants. Everyone’s happy, donc. Merci Motul, you guys rock!











Youpi ! Notre nuit d’hôtel aux lits quali à Cali aura donc bien lieu! … Mais sera en définitive l’énorme bémol de cette pause urbaine! Sur Booking.com, les chambres reluisent et le personnel sourit bien volontiers. En réalité, les draps sont sales, pas de fenêtres, petit dej en carton, minots tête-à-claque derrière le comptoir… la totale.


Avant de partir, on divise unilatéralement le prix par 2… et ça passe! Vite, filons !
On radote, mais on ne dort jamais mieux que dans notre bon gros Géo qui nous manque tellement à ce moment là !
Chauuuuuud Cacao !
Nous ne sommes pas mécontents de quitter la mégalopole. Bouh, que l’on n’aime pas les grosses villes embouteillées, bizarrement ! Nous retrouvons rapidement la route qui verdit et rafraichit à mesure que nous remontons doucement vers le nord-est. Nous évoluons maintenant constamment sur une route à flanc de montagne très arborée, aux trajectoires on-ne-peut-plus sinueuses, parsemée tous les 10 à 15 kilomètres, de petits villages qui ne vivent qu’afin d’offrir une pause aux innombrables camions qui les traversent.
Notre destination du jour est un peu plus élaborée, loin s’en faut: le village de Barcelona, sur la route de Salento. Et surtout la finca “Cinco Cacao”!
Papayers, bananiers, citronniers, cacaoyers… un havre de paix et de silence dans une nature exubérante. Beau slogan. Nous serons les uniques visiteurs des lieux le temps de notre séjour à la finca et les hôtes (Diego et sa femme et leur fiston Felipe) nous montrerons en long et en large comment se cultive, récolte et transforme le cacao dans une ambiance plutôt feutrée (les tauliers sont tous deux retraités et n’ont visiblement pas la pression de la rentabilité). C’est ici que l’on prendra l’habitude d’arroser de nips (feves de cacao écrasées) nos salades de fruits. Y’a des Nips à Leclerc Aubervilliers ?




















Comme nous sommes de sacrés veinards, c’est aussi le week-end de la fête du maïs a Barcelona. La musique hurle (enfin, plus que d’habitude je veux dire) sur un marché de spécialités culinaires et ce joyeux capharnaüm est l’occasion pour nous de s’en mettre plein l’estomac pour par cher. Cochon farci de riz et maïs, arépas, glace… Mais qu’est-ce qu’on peut becqueter en Colombie ! On a sans arrêt un quelque chose sur l’assiette, dans la bouche , ou à digérer. Souvent les trois.















Au NoOord, y’avait Corcora
Après 3 nuits réconfortantes et chocolatées, nous mettons le cap sur Salento. Il y a là une rencontre qu’on ne veut rater sous aucun prétexte, ha ça non ! Catherine, Greg et leurs filles, Céleste et Pénny.
Catherine et Greg, ce sont ces baroudeurs invetérés qui nous ont fait découvrir à coup de photo turquoises la Papouasie Nouvelle Guinée. C’était à leur retour de voyage et ils nous ont fort heureusement conseillés d’inclure ce paradis dans notre itinéraire d’alors. … en 2009. Depuis on se suit de loin. Et comme eux aussi voyagent au long cours en ce moment (ils terminent 6 mois de 4×4 en Afrique. Rien que ca!) et sont en Colombie, pas question de se louper.
Mais d’abord faut-il se rendre à Salento, donc. Village aux ruelles minuscules mais où un hôtel champêtre des environs me certifie que je peux m’y garer (après échange de photos, dimensions, etc. On ne veut prendre personne par surprise) pour passer quelques nuits.
Plus je m’enfonce dans la campagne de Salento, plus je doute… la route est si étroite que le croisement de véhicules se fait au ralenti. Je casse des branches sur mon passage, j’arrache mon câble sur le toit… Je sens que ca ne va pas le faire ! L’hôtel tant convoité se trouve en réalité au bout d’un chemin de traverse dans lequel je ne peux même pas tourner ! J’enrage… Je m’y rends à pied, le camion en warning, pour comprendre. “Si vous étiez passés, je vous aurais mis là, ou là” qu’il me dit le gérant en me montrant des zones inclinées à 15% dans la gadoue. OK pas de regret.
La décision est prise de dormir directement sur le site de la vallée de Corcora non loin, vallée parsemée de palmiers de cire aux troncs si longs et fins qui font la fierté de la région.
Là aussi, l’installation est un véritable sons et lumières. Beaucoup de monde en ce jour férié. Nous nous insérons dans une file interminable de véhicules qui serpente jusqu’au pied du site avant d’apercevoir un parking de terre et graviers, au 3/4 plein. Sachant que je représente à moi seul le dernier quart, je fais clairement comprendre à mes concurrents à coup d’appels de phares et de feintes de démarrage que ce petit espace à coté des écuries, là, c’est mon précieux !
Commencent les festivités. Au bas mot, une trentaine de personnes nous filment de leurs smartphones, tout en faisant des signes “ca passe”, nous sifflant que ça ne passe plus, hurlant de tourner à gauche ou braquer à droite selon l’interlocuteur que tu regardes. Moi, je n’ai confiance qu’en Marie qui connait le gabarit et me dirige au doigt et à l’oeil depuis le tarmac. “BraaAAAque” “Contre-braaAAaaque” et 30 minutes de manoeuvre ubuesque plus tard, on sort liquide mais posés pour la nuit !
















On retrouve ici Greg et Catherine qui eux arrivent tout frais en Jeep Willys depuis leur hôtel de Salento. La classe. (ho hé, facile, les jeep willys, c’est le format standard de taxi ici). Les retrouvailles sont heureuses. Pour nous et pour les enfants qui se plaisent tout de suite. Entre progéniture de baroudeurs, le courant passe vite. On va pouvoir parler entre adultes! Joie !
Nous restons une journée de plus sur les lieux pour une belle balade collégiale en cheval au milieu des palmiers. Puis nous décidons d’embarquer tout ce petit monde dans le camion pour rallier notre prochaine étape commune : les termes de Santa Rosa !
Santa Rosa, la douce
Après 3 heures de route à 9 dans le camion dont une pause “refroidissement de pneu” (le pneu avant gauche à 80°C, c’est une première), nous voilà arrivés au coucher du soleil dans la “Finca Recreational Marcelandia”, une propriété campagnarde, avec points d’eau et restaurant, d’une tranquilité rare, à quelques kilomètres de Sata Rosa.
Hou qu’on va être bien! G&C prennent leur quartiers dans une chambre familiale, nous sur le parking, et les jours et soirées qui suivront seront de vraies vacances ! Savoureux moments, de ceux où l’on refait le monde devant une bière, enchaine les crêpes sous l’orage, et se raconte nos meilleures anecdotes de voyage en coinchant.
Et puis les lieux sont à une vingtaine de minutes des termes de Santa rosa et leurs impressionnantes chutes d’eau tout droit sorties d’un James Bond. Toute la troupe y passera 2 belles journées à cuire dans l’eau et parler du bon vieux temps.













Apres 4 nuits, eux doivent s’envoler vers le sud, nous rouler vers le nord. La séparation était inévitable. On se quitte la larme a l’oeil se promettant de se revoir, sur un autre continent (sinon, c’est trop facile). Safe travel amigos!
Une dernière journée à la finca sera pour nous l’occasion de préparer la suite du voyage, à savoir notre traversée de la région du café, puis celle de Medellin, au Nord d’ici.
Si le reste du voyage en Colombie est du même acabit que ces premières semaines, ce n’est que du plaisir qui nous attend. On va bien avoir une petite galère, non? Hmmm, on verra !
Ensuite viendra la traversée du plateau trans-cordillièrien pour rejoindre la région de Bogota et redescendre dans la fournaise du littoral (ouai, il faut avoir une carte sous la main, ici…). Mais on a le temps. Tranquillo… tout ça, c’est une autre histoire !
Vous pouvez retrouver les photos ici
stay tuned !
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