Cap au Nord, Capitaine !

Bon, ben, ca y est. Le moment de retrouver des contrées plus septentrionales est arrivé. En même temps, soyons logiques, si on faisait quelques km de plus vers le sud, on tombait dans les légendes de la planisphère.

Ushuaia nous avait accueillis à la hauteur de sa réputation d’une ville au charme relatif mais aux alentours gâtés par la nature au delà du raisonnable. C’est complètement requinqués, voire un peu ramollis par cette sédentarité toute relative que, pour rejoindre la on-ne-peut plus-fameuse ruta 40 qui nous mènera en Bolivie, nous mettons la clef dans le neiman et activons le 6 cylindres de Geo, qui lui aussi s’est refait une santé avec Raul-le-copain-de-Motul, souvenez vous.

Les photos de ce bout de chemin sont ici

Rio Gallegos, épisode 2

Cette remontée fantastique vers le Nord, qui durera quelques semaines (gentil pléonasme quand on sait que la ruta 3, forte de ses 3079 km, nous a pris 2 mois…. et que  La ruta 40 en fait 5080… j’ai le vertige) nous impose, une fois n’est pas coutume, de refaire un bout de chemin à l’envers, et retourner jusqu’à Rio Gallegos. 2 jours de redite routière, donc, qui passeront crème en réalité, grâce à 1:le vent qui a fini par se calmer, 2: le camion qui a retrouvé une jeunesse et s’installe parfois présomptueusement aux 85 km/h, et 3: au bon petit repas pris le soir du premier jour de route dans la station service du poste de frontière, à San Sebastien, après 5 heures de route. Je mentionne cet arrêt car il y fut question de frites maison, de steak et de bière, à un moment précis où Marie et moi avions une envie folle de frites maison, steak et bière . Quand ce genre d’étoiles s’alignent, il est urgent de le noter. Surtout qu’il s’agissait de la Saint Valentin, on se refuse rien !

voilà de quoi on parle.

EN fait, il y avait bien une possibilité d’éviter ces 2 jours et de serpenter au Chili pour retrouver l’Argentine plus à l’Ouest , mais la lourdeur du protocole sanitaire pour voyager au Chili et le peu d’intérêt de ce détour (hormis Punta Arenas, je vous l’accorde) nous convainquit de nous accorder cette digression.

Nous voilà donc à Rio Gallegos

…au soir du 2ème jour.

La ville s’attaque par sa banlieue, larges quartiers bétonneux et terreux, aux innombrables pavillons inachevés. Ces banlieues s’étalent loin avant le centre ville, lui aussi gris, sous un ciel de la même couleur. J’envoie du rêve, là? C’est aussi une ville que nous visitâmes il y a de cela 12 ans, et qui nous promet quelques flashbacks notamment au musée de los pioneros ou sur le front de mer.

Mais pour le moment, Il faut savoir trouver où se poser ce soir et nous l’avons décidé, ce sera le luxe d’un camping (et demain aussi sans doute), car nous avons quelques petites missions d’ordre logistique à effectuer à Rio Gallegos (un colis à envoyer à l’école des enfants, le plein d’eau à faire… exciting). Rio Gallegos dispose de 3 campings, nous dit Google. Le premier est très loin du centre dans une zone mi-industrielle mi-décharge. Nous trouvons le second fermé, et le troisième, ô joie, est à coté du second. C’est le dernier qui a gagné.

Il s’agit en fait d’un petit terrain vague, entouré de peupliers, au bout du jardin d’une vielle dame. Elle a transformé ce bout de terrain de 1000m2 en « camping », c’est à dire qu’il y a un barbecue et un toboggan. Les tristes lieux sont évidemment vides, mais mamie semble tout de même débordée et tout mettre en oeuvre pour nous faire la fleur de nous accepter . « je pourrai bien vous mettre là mais il faudra repartir demain ». On allait vous le proposer, ma p’tite dame.

Je pense encore à cette touchante dame toute tremblotante avec son petit chien en faisant ma manoeuvre qui installera le camion dans son terrain quand… CRAÂÂAC. La fenêtre gauche de la cellule vole en éclat contre l’arbre qui penchait finalement un chouia plus de je ne l’imaginais. Note pour moi même: quand on manoeuvre : ne pas regarder que ses roues, surtout quand on fait 4m d’encolure.

La facile étape de Rio Gallegos, se dote sournoisement et instantanément d’un arrêt « réparation de fenêtre »,  mission supplémentaire et imprévue qui nous coutera sans doute un ou 2 jours sur place. Damned!

On décide d’ailleurs de s’attaquer à cette dernière dès maintenant. Il est 19h00 et la quincaillerie du centre ferme à 20h, y’a moyen d’avoir du scotch et d’éviter le mistral dans le camion cette nuit. On fonce !

Eeeeeeet ce petit saut à la quincaillerie changera la donne! 

D’abord parce que le lieu, aux nombreux rayons bien achalandés de visserie et tuyauterie en tous genres, diffuse le match PSG-Real et que l’on a la chance de voir le but de M’bappé dans les arrêts de jeu (Voir ce match était un voeu pieux de Marie et Samuel sur la route, les voila comblés. iIs hurlent même…c’était le match aller …hein), mais aussi parce qu’un des vendeurs, pris de pitié par notre histoire de fenêtre, nous indique un vitrier qui pourrait nous aider et nous propose de venir chez lui demain pour y garer le camion, quand mamie nous mettra dehors.

Bea y Diego

Le lendemain donc, je passe la journée chez le vitrier qui ni plus ni moins me fabrique une nouvelle fenêtre, au moins aussi belle que la première, pour un prix raisonnable. merci Alfonso, à ce jour, elle tient toujours ! 

Pendant ce temps, Marie donne du bonheur aux enfants à base de jeu de kermesse a 20 pesos et medialunas, et en fin de journée, nous voila réparés et escortés chez Diego (notre gentil vendeur de la quincaillerie, et qui est libre dans sa tête) et Béa, sa moitié.

Je dois m’arrêter ici sur cette rencontre tant elle nous a touchés.

Bea et Diego seront avec nous d’une gentillesse et générosité rares. Non contents de nous repaitre d’une parilla d’une viande juteuse à en convertir Aymeric Caron, ils nous proposent, limite imposent,  de rester chez eux quelques jours, de nous cornaquer dans la ville lendemain, avant un autre diner encore plus gouteux cuisiné dans leurs grandes parillas intérieures (ils sont fous ces argentins), et, cerise sur ce crémeux gâteau d’hospitalité, nous préparent des petits déjeuners devant la TV française, avant de partir travailler sur la pointe des pieds… Des amours!

Avec nos deux copains, on parlera , chantera, se couchera tard, dansera, fera des feux, mangera et boira beaucoup. 

Ils ont de plus un vrai feeling et une patience hors norme avec les enfants, qu’ils gâtent, et qui le leurs rendent bien. On restera 4 jours chez eux, dans la chaleur de leur cocon riogalleguien, à l’abri du froid et de la pluie qui ont remis la main sur la ville.

Si les dieux sont avec nous, on se revoit le w-e prochain, plus haut sur cette ruta 40 où ils nous rejoindront pour quelques jours. On vous attend les amis. Cette fois, c’est nous qu’on régale !

El Calafate

De chez Bea et Diego, il a bien fallu s’extirper et reprendre notre destiné. Nous sommes de poor lonesome cowboys qui doivent toujours partir au meilleur moment. snif.

En 2 jours, on sera à El Calafate, haut lieu du tourisme patagonien, d’où on écrit ces lignes.

La ville même d’El Calafate n’a pas d’intérêt. Bim! c’est dit, je lâche tout. C’est de loin la ville la plus touristique que nous avons eu l’occasion de croiser jusqu’à présent. Sorte de station de ski branchée, aux rues animées d’échoppes crachant de la musique pop sur le trottoir, des bars lounges aux prix exhorbitants pour les locaux et où s’entassent une foule de touristes venus de partout. On entendra parler anglais, allemand, francais. Ca sentira les frites et la canelle, il y aura du monde partout, des excursions en promo, des boutique de fringues in-mettables…  mais nous ne resterons que quelques heures, le temps de reconnaitre une poignée d’endroits que nous avions traversés il y a de cela 12 ans (nostalgie), d’acheter du pain, du frometon, et nos tickets pour une ballade en bateau près du glacier Perito Moreno, l’attraction phare de la région et la raison d’être de cette ville.

Nous, une fois affranchis de ces menues missions, on décampe, et met le cap vers les montagnes ou se trouve le dit glacier,  et on dort en lisière de parc national (on sera les premiers a y pénétrer le lendemain. Et toc)

Le glacier, nous l’avions vu il y a 13 ans et il est toujours là, il n’a pas trop changé. Je dirai même qu’il a un peu grossi. Mais bon, on ne s’en lasse pas. Un jour de grand soleil comme aujourd’hui, il resplendit, brille avec arrogance et brûle les milliers de visages venus du monde entier et tout tournés vers lui tout le jour durant. Il craque, éternue, laisse échapper dans le Lago Argentino des blocs de glace de la taille d’une 4L dans un bruit qui rappelle l’éclair. Une belle experience qu’il faut vivre si l’on prend la ruta 40.

La journée de glacier se termine. On est cuits, dans tous les sens du terme. Ayant vu ce qu’il fallait voir, on met les voiles. On passe la nuit dans une estancia non loin de là, et zou, on roule ma poule.

Va -t-on découvrir inopinément quelque autre joyau patagonien sur la route? 
Allons nous étendre subrepticement notre séjour dans la région?

Vous le saurez dans le prochain épisode… Mais la réponse c’est oui !

Stay tuned !

Les photos de ce bout de chemin sont ici

9 commentaires

  1. gaetbret dit :

    Bon… dimanche grâce mat ici.. (avec une petite lombalgie svp, histoire de casser le planning prévu et chargé… Bah oui, on a 2 jours free par sem nous 🙂 ). Du coup on se pose et on lit les articles qu’on avait mis en stand by. Toujours aussi bien écrit.. Ça donne trop envie toutes ces aventures et rencontres… Des bisous à tous . Profitez en (mais j’ai l’impression que vous n’avez pas attendu qu’on vous le dise ) 

  2. mzsje dit :

    Pourquoi bouger , on voyage… tranquille . Tout est détaillé: photos, récits dans les moindres détails…Tout est surprenant, magnifique, le bonheur se lie sur les visages…
    Bon, entre nous, on aimerait quand même y être .

  3. Régine et Pierre dit :

    Super les jeunes, continuez de nous faire rêver…

  4. Olivier Delhaye dit :

    Un plaisir de vous lire, on voyage avec vous 🤩 Stop au salar d’Uyuni en Bolivie ? (Y a encore d’la route, ok)

  5. serge hapiot dit :

    Il est réconfortant de constater que l’amitié entre les peuples n’est pas un vain mot!
    Avez-vous l’intention d’aller glaner des météorites dans le désert d’Atacama en remontant le long du Pacifique?

    1. jonathetmarie dit :

      Ah s’il y a des météorites à glaner c’est pas impossible qu’on fasse ce détour hahaha. Mais en vérité on a peu de visibilité sur notre trajet au-delà de une à deux semaines. « A ver » comment on dit ici

  6. Marie Christine dit :

    Toujours aussi palpitant le récit de vos aventures et de très belles photos bisous bisous 😘

    1. jonathetmarie dit :

      Merci !! Et attends la suite, nous avons s depuis fait quelque 2000 km et les paysages sont a tomber… Notre mère nature a décidément beaucoup à offrir

    2. jonathetmarie dit :

      Ah super ! tu fais partie de nos plus fidèles lectrices, hahaha

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