Promesse d’allégresse, de Camarones à tata Jess… yes!

Les photos de ce bout de chemin sont là et

Le départ de Puerto Madryn était synonyme d’entrée en Patagonie et la promesse de s’abreuver d’une nature brute, sauvage, enivrante. Et qui se mérite. L’arrêt sur les terres de Florent (tiens bon, l’ami) nous rassurera sur la tenue du contrat. Et puis on retrouve tata Jess dans quelques jours, il s’agirait de pas rater ce rencard !

Bye Bye Puerto Madryn

Ca y est ! On quitte Puerto Madryn! Direction le Sud, évidemment, avec la double et paradoxale envie de rouler et rattraper un retard imaginaire tout en profitant de l’Océan qui nous tend maintenant ses petits bras iodés. Cet insoluble mélange d’envie de tout voir et d’obligation de route est un véritable crève-coeur qui nous colle aux basquettes régulièrement, par vague. Serait ce le prix à payer, cette frustration du voyageur ?  Quoi qu’il en soit, les prochains jours, on cédera à l’appel de la découverte et mettra la route de côté.

Camarones

Notre Prochain bivouac après Puerto Madryn sera une crique à l’Est du pueblito Camarones, qui s’étend sur la cote atlantique, au bout de la route provinciale 30.

Ce coin nous a été recommandé par Gaston avec des lumières dans les yeux. Et étant donné qu’il ne nous fait faire qu’un léger détour (s’éloigner de 70 km de la ruta 3, la colonne vertébrale de notre itinéraire), nous l’incluons dans le planning sans minauder.

Après, quelques 3 heures de Ruta 3 bien droite, mais maintenant flanquée de guanacos et quelques autruches (ca c’est nouveau, les autruches), on bifurque donc à gauche vers Camarones. 

Je le dis sans embage: la route provinciale qui mène à Camarones est la plus belle que nous ayons pratiquée jusqu’à présent dans ce voyage et nous offre un divertissement bien apprécié sur cette longue et aride ruta 3. Zigzaguant entre des collines sèches où paissent des guanacos et des creux verdoyants piqués de moutons galopant à notre approche, et rejoignant la mer tant attendue, elle offre à chacun de ses virages un panorama plus harmonieux que le précédent et met la barre assez haut pour la suite. (spoiler: cette barre sera fracassée dans la soirée)

Camarones, à l’inverse de San Blas, est beaucoup plus petit, et calme qu’on ne peut l’imaginer. Elle ne comporte qu’une trentaine de cuadras, dont beaucoup sont terreux et sans usage, désespérément vides. On s’attend presque au ballot de paille roulant sur la rue principale…Nous arpentons ses larges rues desertées en camion, à 10 km/h, afin de chercher de quoi s’approvisionner pour les jours suivants et tombons sur l’epicerie-charcuterie-boulangerie-coiffeur qui nous le confirme: « ici, c’est muy tranquillo, on peut dormir les portes ouvertes ». Le ton du taulier dénonce un zeste d’ennui. Pour nous c’est synonyme de bon plan.

Camarones, c’est là !

Le plein de pain fait, nous nous engageons, au bout du village, derrière la station essence, sur le chemin rural qui dessert les criques qui nous furent recommandées par Gaston-de-Puerto-Madryn-rencontré-à-SanBlas, souvenez vous.

De là, 36km d’une piste facile et ondulante avec, à babord, une cote déchirée proposant une série de petites criques, toutes de galets et bordées de rochers, et à tribord, les collines mouchetées de buissons épineux et guanacos avalant leur broutée avec un oeil étonné au passage de cette boite de conserve orange. Et un soleil couchant qui rosit le tout, est-il besoin de le signaler?

On croisera bien une maison, assez loin de la route, au bord d’une crique encore plus isolée que ses soeurs. On apprendra que c’est bien sûr « el cantador francese » qui vit là, et que les terres alentours sont à lui… D’un coup on se sent un peu à la maison, bienvenus chez lui, et on fredonne « Savoir Aimer » en toute liberté de penser. 

La crique suivante, hebergeant un groupe de flamand roses, finit de nous émerveiller et nous convainc enfin de poser le camion.

Passeront 2 jours et 2 nuits. rythmés par les clapotis des vagues, cadencés par nos tentatives infructueuses de pêche en mer (soit il n’y a pas de poisson, soit le bar ne mange pas de knacky), baignades (fraiche, la baignade, très fraiche), feux de camp. Les incontournables pingouins de Magellan s’ajoutent à cette recette recette déjà très riche. … J’oubliais: observation de la voie lactée comme si j’y étais. Major Tom ne verrait pas mieux les étoiles que nous a ce moment. C’est le résultat d’une absence totale l’éclairage urbain, d’un ciel sans nuage, et d’une nuit sans lune…

Comodoro

Pas facile de s’arracher à ce tableau mais la route nous appelle. On a même une belle échéance qui nous attend: Tata Jess nous rejoint et fera un bout de chemin avec nous : si Dieu le veut (et il le voudra), on l’emmène au bout du monde (à Ushuaia, c’est le bout du monde le plus près). Il s’agirait de ne pas manquer ce rencard et on se remet en route, brayant sur la playlist du voyage qui tourne à fond. Celle-ci s’est enrichie de la B-O de Sing 2 depuis Puerto Madryn, c’est vous dire le niveau d’émotion qui plane dans l’habitacle.

L’étape d’après, donc, c’est Comodoro RIvadavia. 

Comment dire…Plus grosse ville du Sud de l’Argentine qui fleure bon l’industrie pétrolière, Comodoro a l’avantage certain de proposer un gasoil encore moins cher qu’ailleurs (92 pesos, soit 36 centimes le litre), et des restaus routiers plus que corrects (vu le trafic de camions citernes, c’est un créneau porteur). Pour le reste, la ville n’envoie pas du rêve. Même pas un flamand rose. Pffff

On n’y restera pas le soir et préférera la bourgade de Caleta Cordoba, en bordure nord, pour finir la journée et se parquer devant la mer. Et puis à Caleta Cordoba, 2-3 kilomètres après le terrain de foot, il y a une rivière asséchée. « Dans  le lit de cette rivière, vous trouverez des millions de géodes » nous avait dit, à Puerto Madryn, un marchand de rue qui proposait des pierres précieuses. Et en effet, on a trouvé le terrain de football, on a fait les 2-3 kilomètres, on a déniché le rio seco, et il est bel et bien empli de géodes (sorte de pierres creuses dont le vide intérieur est couvert de cristaux). On s’y est donné à coeur joie pour en déterrer et casser des dizaines. Marteau et pied de biche en main … au diable les cloques ! Jules était au bord de l’apoplexie, et le camion se lesta définitivement de 15 kilos de plus.

Les 2 jours suivants, on roulera sans discontinuer. D’abord parce qu’on a rencard, mais aussi parce qu’on a pas vraiment le choix: le segment de la ruta 3 qui quitte Comodoro pour le Sud  n’offre rien à se mettre sous la dent. Quand je dis rien, je veux dire pas même un village, une bicoque, une ferme… C’est une longue ligne droite de 300 km, désespérément plate et sèche, qui fait passer la très attendue et pourtant austère station service de Tres Cerros pour Las Vegas.

Avec bonheur , la route recolle ensuite à la cote, avec la possibilité, au prix d’un léger détour, de faire un passage dans les rares villes portuaires qui jalonnent la côte atlantique. Elle n’ont rien d’extraordinaire, ne font pas dans le grandiloquent, mais sont efficaces: une mairie, un garage, 2-3 panaderias, une église, et des maisons, si possible pas toutes finies… comme celle de Puerto San Julian  qui nous accueillit à l’heure du déjeuner, et Puerto Santa Cruz, en soirée.

Car c’est au camping municipal de Santa Cruz que Tata Jess et son nobio Cristian nous rejoindront demain pour ensuite nous suivre sur quelques kilomètres. 

D’ici là, il faut qu’on récupère un peu de sommeil, s’entraine à la parilla, nettoie le camion…

Nous avons hâte de les retrouver et de faire la connaissance de Cristian que les enfants espèrent déjà depuis quelques centaines de kilomètres (Cristian, j’espère que tu aimes les questions 😉 ), et pouvoir partager en profondeur les émotions océanes qui nous habitent depuis Puerto Madryn.

Avant de les emmener plus loin…

La suite de nos aventures australes arrive bientôt.

Stay tuned !

6 commentaires

  1. mzsje dit :

    je suis scotchée à chaque lecture…
    bravo

  2. Papy dit :

    Et alors, Et alors Tâta est arrivééee.

  3. Papy dit :

    Et alors, et alors, Tata est arrivée..

  4. Magali dit :

    Excellent article ! Tout cela donne très envie!!!
    Les anecdotes sont toujours sympa et j’entends ta voie Jonath quand je lis, alors je marre! Bises!!

    1. Oliv’ dit :

      Top les photos, le récit, on a très envie de se faire une petite place dans le camion ! Bises givrées de Suède

      1. cuppens sylvain dit :

        Belle écriture de voyage. on se délecte. #faireunevireea5

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